Plasticienne, vidéaste, créatrice d’accessoires et de costumes, scénographe et décoratrice pour le théâtre et l’opéra, Julie Chapallaz aime s’échapper d’un quotidien trop prévisible en prenant la tangente. Elle vient de publier La Déflagration des buissons, un premier roman-photo halluciné.
Il ne sera plus jamais considéré comme un sous-genre. C’est en tout cas ce qu’espère Grégory Jarry, co-fondateur des éditions FLBLB, en proclamant 2022 année du roman-photo ! Depuis vingt ans, l’éditeur creuse son sillon en publiant de la BD, des flip-books et desromans-photos d’auteurs. Parmi les trois titres sortis cette année, La Déflagration des buissons détonne avec ses 200 pages de couleurs saturées. Cette fable poétique sur un monde qui lutte contre le sommeil et l’amnésie fut un travail de longue haleine. « Un marathon de six ans, retrace Julie Chapallaz avec un soupir de soulagement. Je n’utilise pas la technique la plus simple en créant ces photomontages. Mais je voulais produire des images aux frontières du rêve, capables de basculer dans le fantastique. »
Julie a emprunté à Hara-Kiri et aux Monty Python le génie de la bidouille. « Ils ne se démontent jamais devant les difficultés matérielles. » Et à Nous deux, les codes de la romance, l’exagération des poses, et surtout le kitsch des couleurs dans les images tramées. Mais en poussant le jeu à l’extrême, les couleurs sont devenues symboliques et accompagnent son héros dans les mondes qu’il traverse.
Lire une chronique du livre La Déflagration des buissons publié par Flblb éditions en 2022
Bidouillage à l’ancienne
En travaillant pour l’Opéra de Paris, les grandes institutions culturelles, ou la production de films, Julie a développé son sens de la débrouille pour composer avec les contraintes de budget. « J’adore le bricolage qui peut devenir sophistiqué, comme les effets spéciaux à l’ancienne. Avec les trucages, on sait que les images sont fausses, mais on y croit encore plus.»
Finalement, l’économie de moyens est devenue un stimulant créatif, et une patte est en train de s’affirmer. Cette première aventure éditoriale à peine digérée, Julie pense à un futur projet qui pourrait se rapprocher du dessin. « J’ai l’idée d’un western. Je voudrais jouer avec les clichés du film de genre et les décaler dans un autre univers. L’image du cow-boy, le fantasme d’aventure, la dimension épique, la thématique de la violence et de la justice, ça me travaille. »
Julie se laissera un peu de temps pour mettre ses idées à plat. En attendant, elle vient de réaliser un film pour le musée du Laténium (Hauterive-Neuchâtel) et un costume de monstre pour un film d’horreur belge !
Stéphane Maurice / aprim
Bio express
1979 : Naissance en Suisse. Les périodes d’ennui stimulent son imagination pendant ses premières années d’enfance.
1994 : Quitte son petit village étouffant pour entrer au lycée à Genève. « C’était l’éclate totale, avec des profs foldingos et artistes. »
2000-2002 : BTS Arts appliqués à Olivier-de-Serre à Paris.
2013-2014 : Formation continue aux Arts décoratifs de Paris en Image imprimée.
2020 : S’installe dans le Cotentin.
2022 : Parution de La Déflagration des buissons aux éditions FLBLB.
À propos de la ˝couv˝…
« Pour ce projet de couverture consacré aux 30 ans des Boréales, j’ai d’abord composé des dessins à la main, que j’ai scannés puis assemblés sur ordinateur avec des matières et des textures, elles aussi scannées. Une sorte de collage numérique, en somme !»
Julie Chapallaz