Trait décidé, univers délicat, humour décalé : le style Éric Héliot. Illustrateur pour la presse et la littérature jeunesse, il revient avec un ambitieux projet de bande dessinée, dont la sortie est attendue fin 2022.
Papier Canson, encre de Chine et sèche-cheveux trônent sur son bureau. Livres et cartons à dessins remplissent la pièce. Dans son atelier, niché dans la nature foisonnante de son jardin rouennais, Éric Héliot a commencé à remplir les cases de sa prochaine bande dessinée. Il vient tout juste d’apprendre que son projet, préparé avec son complice Hugues Barthe, est soutenu par le FADEL (Fonds d’aides au développement de l’économie du livre en Normandie). Surprise et soulagement. « C’est la première fois que je fais une demande. Travailler sur une bande dessinée, c’est long. Je vais pouvoir m’y consacrer pleinement. C’est un vrai confort », souffle-t-il. Avec cette histoire, celle du couturier autrichien Rudi Gernreich et de son top model fétiche Peggy Moffitt, l’illustrateur revient non sans plaisir à ses premières amours : la mode, à laquelle il avait consacré son projet de fin d’études aux Beaux-Arts du Havre... et la BD. « Preuve que je n’en avais pas encore fini avec elle », sourit-il.
"Les enfants voient les détails à côté desquels les adultes passent"
De l’album jeunesse au dessin de presse
Car après Les Muses, sorti en 1992, le dessinateur – qui se voyait se consacrer au 9e art quand il était encore sur les bancs du lycée avec Olivier Vatine et Franck Legal – a laissé les bulles de côté. « Après cette première BD, j’ai illustré un album jeunesse pour Nathan. Je me suis tout de suite senti à l’aise dans ce format, plus libre aussi. » Au point de signer, en trente ans, une cinquantaine d’ouvrages pour le jeune public, dont certains très remarqués, signés avec Pierre Le Gall, comme Mankpa Dpath, la terreur des Carpates (Prix Fnac et Prix des Libraires) ou la série Constance, éditée jusqu’aux États-Unis et au Japon. Plus récemment, Éric Héliot a aussi signé plusieurs ouvrages de la collection du Père Castor (Flammarion) consacrée à la mythologie grecque. « Les enfants voient les détails à côté desquels les adultes passent », constate-t-il. Des petits lecteurs exigeants, qui correspondent à son perfectionnisme avoué. « Je suis terriblement sérieux quand je dessine ! Je peux revenir dix fois sur un objet que personne ne verra, rit-il. J’aime les traits ajustés, maîtrisés. »
Éric Héliot affectionne aussi l’humour et l’absurde, qu’il exprime régulièrement dans les colonnes du Pianiste, Zadig ou Le 1. « Les dessins de presse, c’est une gymnastique différente, une réactivité plus grande. Il faut s’approprier les mots du journaliste pour illustrer son propos sans le répéter. » Emprunter une voie parallèle, pour laisser les idées faire leur chemin. Son nouvel album est en train de faire le sien. Sa sortie est attendue fin 2022.
Christelle Tophin / aprim
Bio express
- 1959 : Naissance à Petit-Quevilly
- 1992 : Sortie de son premier album, Les Muses, aux éditions Zenda
- 1992 : Un ange passe, chez Nathan, marque le début de ses activités
pour le livre jeunesse - 2018 : Le Grand Labyrinthe de la mythologie, aux éditions du Père Castor
- Mars 2021 : Héraclès et ses douze travaux, aux éditions Flammarion Jeunesse