Le ton est donné. Car il s’agit bien d’une « évasion », littéralement. Trois camps : les détenus qui, avec violence et sans fioritures, tenteront le tout pour le tout afin de dire adieu à ce bled pourri ; les gardiens qui, avec une détermination confinant à la perversité, essaieront de remettre la main sur ces fuyards ; les journalistes qui, bien malgré eux, se retrouveront mêlés à un déchaînement de violence inimaginable.

Dès les premiers instants, Benjamin Whitmer nous saisit par son style cru et expéditif, préférant souvent quelques dialogues percutants à un trop-plein de lyrisme, comme si ce qu’il souhaitait nous dire ne pouvait s’embarrasser du romanesque. Comme une confirmation de sa noirceur, l’unité de temps du roman se borne à la nuit, une seule nuit, décisive et haletante.

Guillaume_Giard
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Mais s’il ne s’agissait que de nous faire vivre l’enfer, à grand renfort de violence et de suspens, ce livre n’en serait que distrayant, à défaut d’être bon. Non, ce qui en fait sa qualité véritable, autrement dit ce qui le rend digne d’être aimé, c’est l’extraordinaire justesse des vérités qu’il nous assène. Par le biais de ses personnages éraflés par la vie, l’auteur nous fait part de ses considérations sur la liberté, ou plus exactement sur les conséquences irrémédiables de l’enfermement, de ses réflexions sur la guerre et la capacité qu’elle a de laminer le sens moral et le discernement des êtres humains. C’est enfin une course contre l’amour, pour lui échapper ou bien pour le retrouver, qui se poursuit jusqu’au point final, pour le meilleur ou pour le pire. Lisez Benjamin Whitmer, ça ne se fera ni sans larmes ni sans douleur, mais ça en vaudra la peine !

Évasion de Benjamin Whitmer, éditions Gallmeister

Guillaume Giard

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[Coup de cœur de libraire] Évasion de Benjamin Whitmer