Prison de peur

Comment naît un dragon ? L’autrice nous livre ici la vision poignante d’une adolescente, Céleste, condamnée à voir son père se transformer en un être qu’elle ne reconnaît pas, qu’elle ne reconnaît plus, jusqu’à le craindre plus que tout.
© Alice Ginsberg

Ce court roman relate, avec une objectivité glaçante, la prison de peur, de souffrance et de rage que construit petit à petit un père alcoolique au sein de son propre foyer, où il fait subir une tyrannie latente, psychologique, à sa femme et sa fille. Des êtres qu’il est pourtant censé aimer plus que tout au monde.

Ce roman se lit d’un trait et se ressent comme un coup de poing dans le ventre, chaque page vous coupant le souffle. Le lecteur, qui suit l’histoire à travers les yeux de Céleste, devient témoin d’une adolescence étouffée par cette violence inouïe, pourtant masquée par l’apparence d’une famille équilibrée et joyeuse.

Le livre est construit comme un récit rassemblant en un vaste puzzle les souvenirs de
Céleste. S’entremêlent alors des moments joyeux et sombres, un passé et un présent, que les émotions de Céleste confondent jusqu’à trouver une place pour chacun, une solution en elle, située entre l’ombre et la lumière, pour reprendre son souffle.

Le Masque de père, publié aux éditions Macha, est le premier livre d’une collection de romans destinés aux adolescents, pour discuter et échanger autour des violences conjugales. L’autrice, Louison Nielman, est aussi psychologue, spécialisée dans les émotions et les romans jeunesse. Son écriture, comme un témoignage, traduit les émotions que peut ressentir tout un chacun, témoin ou victime de violences conjugales et familiales.

Alice Ginsberg

Le Masque de père - Louison Nielman, éd. Macha, 2020

Mots choisis

" Au début, il le mettait seulement de temps en temps, puis peu à peu, il ne le quitta plus. Son père et le masque ne faisaient qu’un. La mascarade était quotidienne, Céleste ne tremblait plus en surface, elle gardait tout à l’intérieur, elle devenait presque hermétique pour vivre, survivre. Au fond d’elle, la peur grandissait. "

[Chronique] Le Masque de père de Louison Nielman