Tourbillon letton

Riga, capitale de la Lettonie, la veille de Noël, 1906. Trois enfants, sans lien apparent entre eux,  sont enlevés en plein jour au milieu d’une fête foraine. La police n’a aucune piste  et se perd en préjugés et conjectures complotistes.

Il faut dire que l’arrière-plan historique est sombre, tourmenté. Nous sommes au début du XXe siècle, à l’heure où la Lettonie appartient encore au « tsar de toutes les Russies », Nicolas II. En 1905, à l’occasion de la Révolution russe, la population se soulève contre le joug impérial et de grands domaines féodaux, aux mains de l’élite germanophone, sont brûlés par les paysans lettons. Des revendications politiques émergent, notamment l’enseignement du letton à l’école, socle indispensable pour bâtir le futur d’une nation. La répression est sanglante.

Au milieu de ces grands bouleversements, le lecteur va suivre la trajectoire d’un instituteur, Rūdolfs. Lui aussi a voulu s’engager dans la révolution. Par conviction, et aussi peut-être pour briller aux yeux d’Arvids, son voisin de la Butte-aux-Coqs qu’il admirait étant enfant.

L’auteur, Osvalds Zebris, propose un roman polyphonique, dense, qui met l’individu face à ses choix. Un roman où se mêlent aussi la culpabilité, la recherche de la rédemption et la folie.

À l’ombre de la Butte-aux-Coqs a été sélectionné pour le Prix littéraire de Lettonie en 2015 et lauréat du Prix de littérature de l’Union européenne en 2017.

Valérie Schmitt

À l’ombre de la Butte-aux-Coqs - Osvalds Zebris, éd Agullo, 2020, Traduit du letton par Nicolas Auzanneau.

Mots choisis

« Tout à notre songerie d’un monde nouveau sur le point de naître, dont les lois étaient certes impénétrables mais justes, nous nous mîmes en chemin à travers la campagne, à la recherche de gars susceptibles de nous soutenir ou de nous suivre. Pour les gens du cru, nous étions des “ rouges ” ou des “ socialeux ” portant barbiche et binocles, bombe et pistolet ‒ braves et totalement inconscients. "

[Chronique] À l’ombre de la Butte-aux-Coqs d’Osvalds Zebris